Bien préparer sa randonnée en montagne

© Laëtitia Goni

Partir en montagne, a fortiori seule, c’est toujours une petite aventure — même pour les plus habituées d’entre nous ! Pour éviter les galères et partir en toute sécurité, voici une série de conseils pour bien préparer votre sortie, l’esprit léger.

Avec le temps et l’expérience, tout ça deviendra des réflexes naturels. Promis ! 😉

Etape 1 : Choisir son itinéraire

Pas de randonnée sans un itinéraire choisi à l’avance — c’est la base. Mais comment bien le choisir ?

Selon son niveau

Avant tout, il est essentiel de connaître son niveau.

Pour ça, faites appel à vos souvenirs : quelles ont été vos dernières randonnées ? Combien de kilomètres, combien de dénivelé ? Et surtout, comment vous vous êtes sentie ? Plutôt facile ? Trop dur ? En général, nos émotions sont de bons indicateurs de notre ressenti physique.

Si vous débutez, ou si ça fait longtemps que vous n’avez pas randonné (disons plus de vingt ans 😅), mieux vaut rester prudente et viser une rando classée “facile” : entre 5 et 10 km, avec un dénivelé inférieur à 500 m.

Mais attention, les kilomètres et le dénivelé ne font pas tout ! Le type de terrain compte énormément. La plupart des applis de rando (Visorando, Alltrails, Komoot…) permettent de consulter des avis d’utilisateurs. Est-ce un sentier bien balisé, large, roulant ? Ou faudra-t-il traverser un pierrier, franchir des passages un peu aériens ? S’il n’y a aucune mention de difficulté, c’est généralement bon signe : l’itinéraire ne devrait pas poser de problème particulier.

Autre outil précieux : le profil topographique. Il vous indique comment le dénivelé est réparti. Une montée raide en 2 km n’a pas le même impact qu’un dénivelé équivalent réparti sur 10 km ! Cela permet d’ajuster vos choix en fonction de votre endurance et de vos préférences.

💡⚠️ Ce qu’on a tendance à sous-estimer : les descentes !

On parle beaucoup de dénivelé positif, mais le dénivelé négatif (la descente, donc) est souvent plus dur pour le corps, en particulier pour les genoux et les cuisses.
Descendre demande de l’attention, de l’équilibre et sollicite beaucoup les articulations, surtout en fin de randonnée quand la fatigue s’installe. Et si le sentier est raide, glissant ou en pierrier, ça devient vite un enfer pour les genoux non préparés.

🦵 Petit conseil : si vous savez que vous avez les genoux fragiles, prévoyez des bâtons de marche, ça aide vraiment à soulager les appuis. Et n’oubliez pas : ce n’est pas parce que “ça descend” que “c’est facile” !
🧭 Autre astuce lors du choix ou de l’analyse de votre rando : regardez dans quel sens elle se fait. Idéalement, on garde les pentes les plus raides pour la montée. Pourquoi ? Parce qu’en montée, on maîtrise mieux ses appuis. En descente, une pente raide devient vite casse-gueule !

Selon votre forme physique et mentale du moment

On l’oublie trop souvent, mais notre capacité à gravir des montagnes dépend aussi de notre état du moment. Fatigue accumulée, stress, mauvais sommeil, règles, charge mentale… Tout ça joue, et ce n’est pas à négliger.

Si vous vous sentez plus fatiguée que d’habitude, choisissez un itinéraire plus doux. Inutile de se forcer : en montagne, cela peut vite se transformer en galère — blessures, perte d’attention, orientation hasardeuse…

Apprenez à dialoguer avec votre corps. Observez comment vous vous sentez, physiquement et mentalement, le jour J. C’est une compétence précieuse, qui s’affine avec l’expérience. Et surtout, on y reviendra plus tard, mais rappelez-vous qu’en montagne, le plus important, c’est de savoir renoncer.

Etape 2 : Regarder les conditions météo

En montagne, la météo peut changer très (très) vite. Pour éviter les mauvaises surprises, mieux vaut consulter les bulletins météo avant de partir, et le plus près possible du moment de la rando.

De mon côté, j’ai l’habitude de croiser trois sources : Météo France, Meteoblue et Météociel. Quand elles sont d’accord, c’est plutôt bon signe. Mais si elles divergent sur l’heure d’un orage ou sur la quantité de pluie prévue… méfiance !

Les prévisions météo sont particulièrement difficiles en montagne : une vallée peut être noyée sous l’orage pendant que la voisine profite du soleil. Les reliefs créent des microclimats et perturbent la lecture classique des bulletins. C’est le jeu — et en montagne, il faut jouer avec !

⚡ En cas d’orage annoncé, quelques réflexes :

  • Partez tôt ! C’est une règle montagnarde implicite mais presque infaillible : les orages arrivent souvent en début d’après-midi.
  • Privilégiez un itinéraire en forêt. Contrairement à une idée reçue, une forêt dense vous protégera bien mieux de la foudre qu’un sommet ou une crête exposée. Évitez les zones dégagées, les crêtes, et bien sûr les arbres isolés et les lisières de forêt.
  • Méfiez-vous aussi du vent. Les crêtes et les zones exposées deviennent vite inconfortables… voire dangereuses.

Si l’itinéraire prévu ne colle pas avec la météo annoncée, changez-le. Choisissez un parcours plus abrité, plus court, ou partez ailleurs. Et si vraiment aucune option ne vous semble sûre : reportez. Il n’y a jamais de honte à faire demi-tour ou à rester au chaud avec un bouquin. 😉

Etape 3 : Connaître l’itinéraire et l’enregistrer

C’est une étape qu’on a parfois tendance à zapper… et pourtant, elle peut vraiment vous sauver la mise une fois sur place. Ne serait-ce que pour éviter de sortir votre téléphone ou votre topo tous les 100 mètres. 😉

Quel que soit l’endroit où vous avez trouvé votre itinéraire, vous pouvez forcément le visualiser sur une carte. Prenez un petit moment pour bien l’observer :

  • Est-ce un sentier balisé ou non ?
  • Y a-t-il des croisements ? À quel moment faudra-t-il tourner à gauche, à droite ?
  • Est-ce que l’itinéraire va vers le nord ? le sud ?
  • Quelles sont les grandes étapes : un col, un sommet, une cabane ?
  • Passerez-vous par une forêt, une prairie, un lac ?

Bref, tout ce qui peut vous permettre de vous repérer sans avoir le nez rivé à votre écran.

Enregistrer l’itinéraire sur votre téléphone

Il vaut mieux enregistrer l’itinéraire avant de partir, surtout si vous risquez de ne pas avoir de réseau.

  • La solution simple : un abonnement à Visorando, qui permet de télécharger la carte et l’itinéraire pour une utilisation hors-ligne.
  • L’alternative gratuite : téléchargez le fichier GPX (disponible sur la plupart des sites) et ouvrez-le dans une appli comme GPX Viewer ou GPX Reader. Attention : vérifiez que la carte de fond est bien enregistrée elle aussi, sinon vous ne verrez qu’une trace vide !

Bonus sécurité : carte papier et boussole

Et oui… On y revient toujours : le bon vieux papier. En plus de votre téléphone, pensez à prendre une carte IGN et une boussole.

C’est votre plan B si :

  • votre téléphone tombe dans l’eau,
  • vous le cassez,
  • ou il vous lâche faute de batterie (true story).

Etape 4 : Préparer son sac

Évidemment indispensable… et pourtant, il suffit d’un tour dans les sentiers pour voir des personnes partir en baskets, avec un tout petit sac, pas assez d’eau, pas de casquette. Erreur classique !

Alors voici ma liste des indispensables à mettre dans votre sac à dos :

  • Des chaussures adaptées (pas dans le sac, mais à vos pieds !)
    • Des chaussures de trail peuvent suffire si vous restez sur des sentiers larges et sans difficulté.
    • La plupart du temps, mieux vaut opter pour de vraies chaussures de randonnée : semelle crantée, bonne accroche, stabilité.
    • En hiver : choisissez des chaussures chaudes et imperméables, ajoutez éventuellement des guêtres et de petits crampons légers pour la neige ou les passages verglacés.
  • De l’eau
    • Prévoyez au minimum 1,5 L pour la journée.
    • Vous pouvez aussi emporter une gourde filtrante ou des pastilles Micropur pour purifier l’eau d’un ruisseau si besoin.
  • À manger
    • Même pour une balade de 2h : prévoyez quelques barres, fruits ou noix.
    • En montagne, mieux vaut toujours avoir un petit stock au cas où : blessure, détour imprévu, orage qui vous bloque…
  • Le matériel de sécurité
    • Une trousse de secours (compresse, désinfectant, tire-tique, pansements, etc.). Les kits vendus en magasin sont souvent complets — pensez simplement à remplacer ce que vous utilisez.
    • Une couverture de survie (ai-je besoin d’expliquer pourquoi ? ;))
    • Un sifflet : utile pour vous faire entendre si vous êtes en difficulté. De nombreux sacs à dos en ont un intégré dans la boucle de la sangle pectorale (c’est le cas pour les sacs Deuter ou Decathlon trail).
  • Un imperméable
    • Même si la météo est parfaite : prenez-le ! Ça ne pèse pas grand-chose et ça peut vous protéger du vent ou d’une averse imprévue.
  • Un téléphone chargé (et si possible, en mode avion pour économiser la batterie).

Voici également la liste des “nice-to-have”, ceux que je glisse presque systématiquement, selon la météo et le terrain :

  • Une polaire (même en été, en altitude il peut faire frais),
  • Une casquette + de la crème solaire (surtout si vous êtes sensible au soleil),
  • Des gants et un bonnet (si vous montez haut ou partez tôt le matin),
  • Une carte papier et une boussole, parce qu’on ne sait jamais…

Étape 5 : Prévenir une personne de confiance

C’est un réflexe essentiel, surtout si vous partez seule.

Avant de partir, prévenez quelqu’un de confiance de votre itinéraire. Envoyez-lui le topo, l’heure approximative de départ, et une heure estimée à laquelle vous serez joignable. Personnellement, je garde toujours une marge de deux heures pour éviter que la personne s’inquiète inutilement si je traîne un peu.

L’idée, c’est que cette personne puisse, en cas d’urgence, contacter les secours avec toutes les infos utiles pour vous localiser rapidement.


🏔 Les 3 règles de base en montagne

Un jour, un drôle de montagnard croisé dans un refuge alpin m’a dit cette phrase :

“En montagne, il y a trois règles :

Savoir renoncer,

Savoir renoncer,

Et savoir renoncer.”

Et il a raison ! Fatigue, météo qui change, passage plus compliqué que prévu : aucune rando ne vaut votre sécurité.

Et belle randonnée à toutes !